Interview de Jean-Denis BACHOT, directeur de Fidelity International
Bonjour Jean-Denis BACHOT, vous êtes le directeur de Fidelity International. Pouvez-vous nous présenter en quelques mots la société de Gestion s’il vous plait ?
Fidelity International est une société de gestion d’actifs créée en 1969, qui gère près de 800 milliards de dollars d’actifs au niveau mondial, et 13 milliards à l’échelle de la France. Notre identité se concentre sur trois spécificités : notre indépendance (nous ne sommes pas cotés), notre envergure internationale avec une présence dans 25 pays et un comité exécutif foncièrement diversifié avec une pluralité de cultures représentées, et enfin notre ADN de gestion active, favorisé par une recherche propriétaire très importante. En France, nous nous efforçons d’être le plus français des acteurs internationaux pour être au plus proche de nos clients.
Quelle est votre approche d’investissement ?
En qualité de gérant actif des capitaux qui nous sont confiés, nous allons à la rencontre des entreprises et les analysons sur le plan financier ainsi qu’extra-financier, et ce, quelle que soit la classe d’actifs (actions, obligations, multi-asset, actifs privés, etc.). Nos équipes d’investissement comptent près de 200 analystes* à travers le monde, cela est unique et fait partie intégrante de la valeur ajoutée que nous proposons à nos clients.
En matière d’économie et d’investissement, nous parlons beaucoup de l’Asie en ce moment. Pensez-vous qu’il faille y investir ?
Lorsqu’on parle d’Asie, on pense souvent à la Chine. Face à la vague réglementaire qui anime l’Empire du Milieu, une gestion active bottom-up peut permettre de tirer profit des industries en ligne avec les nouvelles directives politiques et d’identifier les futurs gagnants dans les domaines de l’énergie verte, des semi-conducteurs, des nouvelles infrastructures, de la supply chain, des véhicules électriques, de l’IA, etc. Une fine compréhension des dynamiques sectorielles et des entreprises disposant de modèles économiques pérennes ou d’un fort pouvoir de fixation des prix est clé dans l’environnement actuel.
Le marché chinois, qui compte plus de 4 000 entreprises et vaut environ 12 000 milliards de dollars (comparable à la valeur totale des marchés de l’UE réunis), offre un terrain de chasse riche pour les investisseurs contrariants, qui cherchent à aller au-delà des valeurs technologiques très visibles.
À long terme, les perspectives en Chine restent solides selon nous et le pays est en bonne voie pour assurer une croissance solide de son PIB au cours de la prochaine décennie, soutenant l’expansion de sa classe moyenne.
Ailleurs en Asie, les marchés ont plutôt positivement surpris au cours de l’année 2021, en particulier en Inde : le pays s’est bien remis de la pandémie et a bénéficié d’une bonne dynamique en matière d’introductions en bourse. Étant donné la prime observée à l’heure actuelle sur les valeurs locales, nous pourrions assister à une légère consolidation sur ce marché à court terme. Toutefois, nous entrevoyons toujours de bonnes perspectives pour les investisseurs en Inde et plus largement en Asie du Sud-Est. En effet, cette zone présente des relais de croissance robustes, sous-tendus par des données démographiques favorables et une accélération de la digitalisation. Face aux perspectives de remontée de l’inflation, les investisseurs devraient également réfléchir à élargir leur allocation : par exemple, les marchés actions australiens et japonais se sont historiquement bien comportés lors des périodes de hausse de l’inflation. Enfin, nous pensons de manière générale que l’Asie-Pacifique restera le principal moteur de croissance de l’économie mondiale en 2022.
→ Chine, un cas d’investissement toujours robuste !
De la même manière, selon vous, « investir durablement » est-il crucial aujourd’hui ?
Aujourd’hui, il est clair que les enjeux extra-financiers et financiers sont intimement liés. C’est la raison pour laquelle, chez Fidelity, nous l’abordons avec une approche intégrée : nos analystes sont en charge de l’analyse fondamentale des sociétés qu’ils couvrent, et ce sont eux précisément – au plus proche des entreprises – qui émettent un avis sur les composantes extra-financières également. Pour cela, ils ont été initiés et formés aux problématiques ESG. In fine, cela nous a permis de développer un système de notation ESG propriétaire, unique sur le marché, par l’étendue et la profondeur de la recherche de Fidelity. Nous l’avons d’ailleurs fait évoluer très récemment, pour renforcer la granularité des données analysées. De plus, les analystes évaluent la trajectoire ESG des entreprises, dotant ainsi nos notations d’une dimension prospective. Notre objectif est d’accompagner les sociétés dans l’amélioration de leurs pratiques. Pour ce faire, nous recourrons également à notre dispositif d’engagement et de votes aux Assemblées Générales, clairement défini, pour influencer de manière positive les comportements des entreprises.
→ Faut-il privilégier les fonds ISR (Investissement Socialement Responsable ?
En tant que spécialiste reconnu de la retraite, vous proposez une gamme de solutions de placement dédiées à ce sujet. Pouvez-vous nous en dire plus ?
La préparation de la retraite constitue l’une des principales préoccupations des Français, un sujet qui semble avoir été bien appréhendé par les conseillers financiers et les réseaux d’assurance. Ce marché devrait continuer à croitre dans les prochaines années, à mesure que les simplifications des dispositifs d’épargne retraite, apportées notamment par la Loi PACTE, continueront de se faire ressentir. Forte de son savoir-faire historique en matière de solutions de préparation à la retraite, pleinement inscrit dans son ADN, Fidelity International continue, en ce sens, de s’engager auprès de ses partenaires en France. À ce titre, notre gamme de fonds Target FundsTM présente plusieurs attraits : ce sont des fonds gérés selon l’échéance de départ à la retraite de chaque épargnant, avec une prise de risque dégressive à mesure que celle-ci approche. Leur référencement sur de multiples plateformes d’assurance leur procure un haut degré d’accessibilité, nécessaire pour les épargnants français.
Pour finir, auriez-vous un conseil à donner aux lecteurs de Gestion & Patrimoine ?
En ce qui concerne les marchés actions, notre scénario central pour 2022 est celui d’un atterrissage en douceur. Il est donc plus prudent, à nos yeux, de construire des portefeuilles plus robustes avec un biais qualité. Nous sommes sélectifs sur les actions qui présentent de fortes décotes de valorisation (de type value), préférant les valeurs cycliques et industrielles, mais restons prudents sur les banques. Le rebond durable des valeurs bancaires est encore incertain compte tenu de leur exposition à un potentiel cycle de défauts si les taux d’intérêt augmentent alors que les taux réels continuent d’être négatifs. Nous sommes également prudents vis-à-vis des valeurs de croissance aux valorisations élevées, telles que les technologies et les logiciels haut de gamme. Nous préférons les opportunités technologiques sur les marchés émergents où la correction de marché en 2021 a fait émerger des valorisations attractives. Rappelons que l’investissement sur les marchés actions nécessite une vision de long terme. Pour ce faire, n’hésitez pas à solliciter votre conseiller financier, dont le rôle est de vous accompagner au mieux dans vos choix de placements.
*Données au 30.09.2021.